Nina William Écrivaine

 

J’aime écrire des nouvelles, des petites histoires, la vie nous présente tant d’occasions pour en écrire



Sur mon île…Quand je suis ici, je n’ai plus envie de partir. Une force sous mes pieds, une force venant du profond, m’aspire et un léger vent me souffle : Reste !

L’île est magnifique, posée comme une couronne autour d’un rocher, pointe d’une chaine de collines couverte de l’eau du lac.

Un parc d’une beauté fascinante, une nature plein de formes et de couleurs, des fleurs d’un parfum enivrant, des chants d’oiseaux, au loin le ronronnement d’un bateau à moteur glissant entre les douces vagues.

Ici, sur mon île, règne une magie apaisante. Comme si rien d’autre existait en dehors, pas de haine ni de guerre, pas de racisme ni de misère, pas de plastique dans la mer ni de glyphosate sur nos terres,

pas de réchauffement climatique parce que les arbres disparaissent et des humains sont assoiffés de pouvoir et d’argent.

Je laisse écouter mes oreilles les cris des mouettes, le battement des ailes d’un cygne faisant le beau devant sa belle, le coassement des grenouilles assises sur des feuilles des plantes aquatiques dans l’étang, le rire des enfants heureux d’être ici, émerveillés tous, comme moi, de cet endroit féerique entre l’eau et le ciel bleu. 

Mes yeux vagabondent vers des arbres majestueux, les eucalyptus, les cyprès, les palmiers, le pin des canaries, les bambous, et les orangers, les bougainvillées et autres arbustes du monde entier.

Je hume l’odeur des roses, des lys, du jasmin…et de la terre humide sous les fougères dans l’ombre des palmiers.

Je me sens bien, en paix. J’aimerais rester, je n’ai plus envie de retourner…

dans l’autre réalité.

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Le parapluie…il est bleu foncé avec des points blancs, a qui peut-il bien appartenir ? À une femme très probablement. Les hommes n’en ont point, ou des noirs, des gris.

Les plus beaux parapluies sont, je trouve, de couleur rose, lilas, orange, ou bleu ciel avec des papillons ou des poissons. Se promener avec un parapluie joyeux rend le gris des jours de pluie plus agréable. 

Il est vrai, parfois nous pouvons lire l’âge du propriétaire d’un parapluie abandonné. Un petit par exemple, avec une pointe en bois et une poignée en forme de point d’interrogation à l’envers, de couleurs rose, bleu ciel, vert clair aussi ou jaune, avec des dessins d’animaux, de fleurs, de figurines rigolos, surement que celui-ci appartient à une petite fille étourdie, qui peut-être pleurait même à l’arrêt de bus et qui la maman tirait brusquement au bras pour rentrer dans cette chose qui lui paraissait d’être un monstre. Et voilà, déjà le joli petit parapluie reste seul, adossé au banc en fer et attend que la petite fille revienne le chercher, ou qu'une autre petite fille le prenne, ou quelqu’un, le balayeur de rue par exemple, qui le pose dans la poubelle, puisque, tous ces jours qu’il balaye par ici, ce parapluie est toujours là, tombé dans la flaque d’eau devant le banc peut-être.

Et ce parapluie, très court, à rallonger pour l’emploi, brun de couleur et avec des dessins arabesques en gris et bordeaux, abandonné sur un banc de la promenade du lac, lui me raconte l’histoire d’une vieille dame. Elle vient ici, s’assoir un peu pour sortir des murs du home ou de son vieil appartement poussiéreux dans la vieille ville, pour respirer l’air du lac et laisser ses pensées flotter sur les vagues, les vagues qui emportent les souvenirs loin dans les profondeurs. Elle, la vieille dame, s’appelle Eugénie, ou Hortense, ou simplement Rose, et parfois elle ne sait plus qui elle est. Elle va à la boulangerie et ne sait pas pourquoi, elle rencontre Lucien et lui dit bonjour Pierre, mais tous les jours elle vient sur le même banc, avec son parapluie, et elle sourit et dit : Je n’ai encore jamais été ici.

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La route…elle est longue, interminable, ou elle est courte, elle nous amène toujours quelque part. Toute notre vie nous sommes sur la route. En allant au travail, faire les courses, aller au cinéma, au concert, en visite chez des amis ou la famille, pour partir en vacances. Là, même en s’y rendant en avion, il y a la route…avant et après.

La route commence devant notre maison, et quand nous revenons, elle nous y ramène.

Et, il y a la route qui nous guide à travers notre vie, avec des montées et des descentes, des tronçons plats où il ne se passe pas grande chose, et où la route nous offre un peu de repos. Et il y a les moments, où elle nous conduit vers un croisement, vers un précipice.

Elle nous propose un choix : reculer, partir à gauche, à droite, tout droit, passer sur un pont...ou se jeter dans l’incertain.  

La route est là, tout au long de notre vie, parfois parsemée de cailloux, sombre et sans lumière, mouillée d’innombrables larmes de pluie, mais aussi illuminée de soleil.

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